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Mai 2025 Ministère de l’intérieur Rapport "Frères musulmans et islamisme politique en France
dimanche 1er juin 2025
Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES
Le rapport "Frères musulmans et islamisme politique en France" , du ministère de l’intérieur, a été rendu public le 29 mai 2025 :
Il avait donné lieu à une "dramatisation" à laquelle a participé le président de la République et qui a donc été fortement relayée par les médias.
On trouvera ci-dessous (et en pièce jointe) une analyse de la nocivité et du manque de sérieux de ce rapport, ainsi qu’une présentation des débats auxquels il a donné lieu, rédigée par Mélanie Chaligné, du comité local du MRAP d’Aubenas (Ardèche).
En pièces jointes trois articles de Médiapart, signalés également par Mélanie Chaligné, dont voici les liens (pour les abonnés) :
Analyse de Mélanie Chaligné (diffusée dans le MRAP le 1er juin 2025)
Le 21 mai, Macron préside un conseil de défense (qui sous entend que c’est une question de défense et de sécurité nationale) pour en examiner le contenu. D’après l’Elysée, ce rapport documente la menace et pointe une logique de dissimulation des Frères musulmans.
Ce rapport fait état d’une « menace pour la cohésion nationale » avec le développement d’un islamisme « par le bas », au niveau des associations et des municipalités, émanant des Frères musulmans.
Le rapport « montre une offensive organisée, coordonnée pour défier nos valeurs, nos règles républicaines », a argué M. Attal dans les couloirs de l’Assemblée nationale.
Retailleau a dénoncé la "menace" que pose l’"entrisme" des Frères musulmans, estimant que leur but était "de faire basculer toute la société française dans la charia", même si selon le rapport, « aucun document récent ne démontre la volonté des Musulmans de France d’établir un état islamique en France ou d’y faire appliquer la charia ».
Ce rapport « indique qu’il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale » voire « de submersion », selon le ministre de l’intérieur.
Si le rapport remis ce mercredi 21 mai à Emmanuel Macron porte explicitement sur « l’islamisme politique » et le rôle des Frères musulmans en France , le débat a rapidement tourné sur « l’entrisme » de la religion dans différentes couches de la société, au point que l’association Musulmans de France a dénoncé « des amalgames, même involontaires, entre islam, islamisme politique et radicalité ».
Le mouvement des Frères musulmans n’existe nul part en tant que tel en France, ils n’ont pas de structures organisées ou de parti religieux.
« Il y a une volonté systématique de suspecter les musulmans avec des fantasmes complotistes », acquiesce le député du Vaucluse Raphael Arnault.
« S’il y a des signaux, c’est la preuve du danger, s’il n’y en a pas ou peu c’est la preuve qu’il se cache. ». « les critères retenus pour définir sont l’entrisme en réalité souvent des signes extérieurs : port du voile ou ramadan » . « l’amalgame est donc aisé : c’est bien l’islam tout entier qui est visé et les musulmans ainsi discriminés. écrit Eric Coquerel. Il appelle à ne pas exagérer la place occupée par les Frères musulmans dans la société, rappelant qu’ils n’ont « pas d’élus, pas de députés, pas de sénateurs ».
Chez les Écologistes, la députée de Paris Sandrine Rousseau se dit « effrayée de ce qui est en train de se passer ». Elle n’a pas non plus apprécié la façon dont le rapport est présenté dans le débat public et récuse l’idée selon laquelle il existerait « des ennemis de l’intérieur ». Tout au plus, concède-t-elle, « des gens malintentionnés » dont il ne faudrait pas faire une généralité. « Ce n’est pas en stigmatisant une catégorie de la population qu’on les combat, c’est en réaffirmant que nous sommes une République universaliste », assume l’élue sur BFMTV.
La façon dont le rapport a été mené a aussi suscité des critiques.
L’ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité Nicolas Cadène, candidat de la Nupes puis du NFP aux élections législatives, regrette pour sa part « la méthodologie peu rigoureuse, les évidences, les amalgames, le simplisme et les paraphrases d’idées anciennes » contenues selon lui dans la brochure remise au Président de la République. Regrettant que, dans sa forme actuelle, le rapport ne propose aucune donnée chiffrée, l’intéressé pointe un document qui ne révèle rien de ce que les spécialistes savaient déjà : « À l’inverse de ce qu’on lit ou entend, rien n’est surprenant dans ce rapport, sauf à n’avoir jamais rien suivi au sujet ».
« Les amalgames, même involontaires, entre islam, islamisme politique et radicalité sont non seulement dangereux, mais contre-productifs pour la République elle-même », écrit Musulmans de France. « Derrière ces accusations infondées, c’est une stigmatisation de l’islam et des musulmans qui se dessine. »
« Nous avons fourni toutes les informations demandées, sans réserve, sur nos orientations, nos actions, notre gouvernance et nos principes fondamentaux. » Or le document final « désigne indirectement - mais sans ambiguïté - notre fédération comme une organisation affiliée ou représentative de la mouvance des Frères musulmans en France », ajoute MF dans un communiqué. « Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger, ou à une stratégie “d’entrisme”. Cette lecture idéologique ne reflète ni notre réalité institutionnelle ni notre action de terrain. »
Pour rappel, les actes anti-musulmans ont augmenté de 72% au 1er semestre 2025, selon le ministère de l’intérieur.
Selon le rapport, entre 400 et 1000 personnes en France seraient supposées (pas de sources dans le rapport) affiliées au réseau des Frères musulmans. Il n’y aucune définition de ce que serait le réseau des FM. Il fait état d’un réseau extrêmement divisé, sans lien les uns avec les autres, qui respecte globalement les lois de la république. Le rapport ne mentionne pas le danger d’un attentat futur.
Le rapport est utilisé à des fins politiques pour laisser penser qu’il y aurait un complot musulman qui avance masqué pour établir la charia ou une république islamique, alors que selon le même rapport : « aucun document récent ne démontre la volonté des Musulmans de France d’établir un état islamique en France ou d’y faire appliquer la charia » et « le recours à la violence n’est toutefois pas intégré au référentiel officiel des Frères Musulmans ».
Un tel discours islamophobe de la part des politiques permet de retirer des subventions à des écoles privées musulmanes pour une bibliographie (contrairement à l’école de Bétarrham contre laquelle sont déposées 150 plaintes), de dissoudre une association de défense des droits des musulmans, le CCIF.
Les musulmans sont priés de ne pas s’organiser entre eux, en un groupe ou une association, car cela serait du séparatisme ou d’entrisme.
Le rapport constate que l’influence des réseaux des FM recule. Les Frères ne s’opposent pas au fait que les femmes ne soient pas voilées. Le rapport affirme que les FM en France seraient composées de 400 activistes, soit 0,005% des musulmans.
139 mosquées « problématiques » (dedans il doit surement y avoir la mosquée où préside Abdouramane Reddouane, sous OQTF pour avoir soutenu la Palestine et parler d’islamophobie.) sur 2800, soit 5%.
7000 éléves dans des écoles fréristes, sur 1,7 millions d’élèves musulmans, soit 0,25%
127 associations sportives fréristes sur 325 000 associations sportives.
Ce document jette le soupçons sur des dizaines de structures musulmanes parfaitement légales, actives dans l’enseignement, la solidarité ou la prédication.
Rokaya Diaollo sur France info : « On est à 1 mois de l’attentat qui a eu lieu contre une fidèle musulman Aboubacar Cissé. Les musulmans ressentent à leur encontre un climat de suspicion généralisé... Le rapport fait une confusion etre les FM et la pratique de l’islam. La plupart des musulmans n’ont jamais entendu parler des frères musulmans. De nombreuses personnalités en France qui dénonce l’islamophobie ou affirme leur soutien à la Palestine sont accusés d’appartenir à une frange de l’islam politique ou aux FM. J’ai moi même été accusé de faire parti de la galaxy des FM. »
Dans un texte intitulé « Islamophobie. Le complotisme d’atmosphère de Florence Bergeaud-Blackler » publié sur le site Orient XXI, Rafik Chekka] considère que « Florence Bergeaud-Blackler partage avec Drumont une intention, une forme, et une méthode : dénouer dans la société l’élément “ frériste ” — qui était naguère l’élément juif. » et que, « [...] présenté comme une recherche universitaire sérieuse, Le Frérisme et ses réseaux est un ouvrage polémique (...) au service d’une vision répressive de l’islam, où l’analyse des textes fondateurs de la confrérie des Frères musulmans le dispute à la confusion la plus totale. » En février 2025, une conférence sur le Frérisme qu’elle devait animer à l’université de Lille, a été annulée pour cause de risque de tensions avec le syndicat Union étudiante, qui dénonçait son racisme. « Ces syndicats travaillés par la gauche radicale sont des alliés de l’islamisme, » déclare-t-elle.