Mouvement contre le Racisme
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18 juin 2025 Parution du "Rapport racisme 2024" de la CNCDH : liens et commentaires

lundi 23 juin 2025

Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES

La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) a fait connaître le 18 juin 2025 l’édition 2024 de son rapport annuel sur : La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie .

Lien vers le rapport :
https://www.cncdh.fr/sites/default/files/2025-06/CNCDH_Rapport_2025_Annee-2024_Racisme_PDFAccess.pdf

Lien vers le fascicule "Les essentiels" accompagnant le rapport :
https://www.cncdh.fr/sites/default/files/2025-06/Essentiels%20RRacisme%202024%20Format%20A4%20VDEF_0.pdf

Dans un contexte national suscitant un intérêt particulier pour la question du racisme, avec notamment l’impact sur l’antisémitisme en France de la situation internationale, ce rapport a en quelques jours connu une large couverture médiatique, l’accent pouvant être mis selon les commentateurs soit sur l’aggravation des faits de racisme (rappelons que les comparaisons portent sur l’année 2014 par rapport à l’année 2023, marquée par l’inflation, après le 7 octobre 2023, des actes antisémites et, dans une moindre mesure, des actes antimusulmans), soit en revanche sur la résistance de la tolérance dans la population française.

Nous présentons ci-dessous des articles de L’Humanité et du Monde qui, avec des tonalités différentes, se rejoignent pour déplorer le caractère insuffisant de la politique gouvernementale en ce domaine, marqué en particulier par le fait d’avoir laissé plusieurs mois la DILCRAH sans titulaire.

C’est ce que souligne, dans son introduction au rapport, Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH :

Alors que les actes racistes et antisémites n’ont jamais été aussi élevés, la réponse politique paraît inexistante.

et

La classe politique au pouvoir ne semble pas avoir mesuré l’urgence d’agir et semble même s’être désengagée de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

On notera cependant, ce qui n’atténue que partiellement cette critique, que la rédaction de ce rapport 2024 de la CNCDH avait été achevée en février 2025, avant que démarrent véritablement les Assises de lutte contre l’antisémitisme, mises en place au printemps 2024, puis mises en sommeil durant près d’un an et qui ont disposé de moins de deux mois pour boucler leurs analyses

Le rapport ces "Assises" , rendu public le 28 avril 2025, est consultable par le lien

https://www.dilcrah.gouv.fr/files/2025-04/RAPPORT%20ASSISES_1.pdf

et on peut lire, sur ce site du comité local du MRAP de Nanterre une analyse rédigée par Jean-Pierre Raoult :

https://nanterre.mrap.fr/Apres-la-remise-du-rapport-des-Assises-de-lutte-contre-l-antisemitisme.html

On notera aussi que, comme d’ailleurs les années précédentes, il s’est écoulé un grand laps de temps, de l’ordre de trois mois, après l’achèvement de son rapport, pour que la CNCDH puisse le remettre officiellement au premier ministre, condition prélable pour qu’elle puisse le publier. Ce délai est une preuve de plus du peu de considération du gouvernement pour ces travaux.

Venons-en aux deux articles annoncés.

1. L’Humanité a publié le 18 juin un article d’Eugénie Barbezat titré : Racisme : passages à l’acte plus violents, responsabilité des politiques... Ce que révèle le rapport de la CNCDH.

Ci-attaché et (pour les abonnés)
https://www.humanite.fr/societe/antisemitisme/racisme-antisemitisme-islamophobie-la-cncdh-enjoint-les-representants-politiques-a-ne-pas-attiser-les-haines

Cet article fait largement état d’un entretien de l’auteure avec Pierre Tartakowsky, vice-président de la CNCDH, où il représente la Ligue des Droits de l’Homme.

Voici des extraits des propos de Pierre Tartakowsky.

Malheureusement quand des personnalités gouvernementales parlent de “Mamadou” ou qui reprennent le terme de “submersion migratoire”, cela alimente la xénophobie et légitime la violence envers les personnes étrangères ou perçues comme telles. Par ailleurs, à force d’expliquer, y compris au sein du parlement que toute critique de la politique du gouvernement israélien est une attaque antisémite, on construit une équation selon laquelle Israël = tous les Juifs, chez qui on suppose un soutien inconditionnel à la politique israélienne. Cela attise la haine.
....
Le racisme est rarement exclusif. La haine qui se construit en exclusion de l’autre procède par capillarité, elle est très rarement limitée à une seule cible. C’est pour cela que la lutte contre le racisme ne se divise pas et que tomber dans ce piège qui consiste à opposer le racisme antimusulman et l’antisémitisme est une erreur colossale .
....
Si, via des politiques restrictives, on continue à aller vers une société qui exalte la concurrence de tous avec tous, pour l’accès aux droits sociaux, aux services publics, à l’emploi, à la retraite, au logement, il sera très difficile d’obtenir des résultats dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».

2. Le Monde a publié le 18 juin 2025 un article de Louise Covelaire intitulé

Racisme : la tolérance des Français « résiste aux discours de haine », selon un rapport

Ci-attaché et (pour les abonnés)

https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/18/racisme-la-tolerance-des-francais-resiste-aux-discours-de-haine-selon-un-rapport_6614145_3224.html?search-type=classic&ise_click_rank=1

Cet article reprend notamment des propos de Nonna Mayer, polititiste, membre de la CNCDH dans le collège des "personnalités qualifiées, co-auteure, depuis plusieurs années, de la partie du Rapport consacrée à l’étude de la tolérance dans la société française, qui établit notamment l’Indice Longitudinal de Tolérance (ILT).

Voici deux passages de l’article du Monde relatifs à ce thème :

Le recul de la tolérance est volatil, il fluctue en fonction « des événements et des discours politiques et médiatiques qui les cadrent, explique la politiste Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS et membre de la CNCDH.

L’indice monte ainsi en flèche dans l’euphorie de la Coupe du monde de football de 1998. Il grimpe aussi après les attentats de 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, les pouvoirs publics mobilisant sur le thème de la fraternité républicaine autour du slogan « Je suis Charlie ».

Il dégringole après les émeutes de 2005 attribuées tantôt au communautarisme, à l’islamisme, à la polygamie, ou encore à partir du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, en 2010, établissant un lien entre immigration et insécurité. Il chute également en 2023, après une année marquée à la fois par la polarisation du débat politique autour de l’immigration – la loi pour contrôler l’immigration, les émeutes suivant la mort de Nahel Merzouk (tué par un policier à Nanterre), et la mort du jeune Thomas Perotto, 16 ans, à Crépol (Drôme), présentée comme un « francocide » par l’extrême droite –, et par une explosion spectaculaire des agressions antisémites depuis le 7-Octobre.

.....

Or, souligne Nonna Mayer, les fluctuations de l’ILT nous enseignent que l’exemple vient d’en haut. Même s’ils sont en baisse depuis plusieurs décennies, les préjugés perdurent : 35 % des personnes interrogées continuent ainsi de penser que les juifs « ont un rapport particulier à l’argent », 45 % que l’islam menace l’identité de la France, la moitié que les Roms exploitent les enfants et près de 60 % que la plupart des immigrés viennent en France pour profiter de la protection sociale.
Quand on décline l’indice par minorité, reprenant pour chacune les questions qui lui sont spécifiques, c’est la minorité juive, d’ordinaire la mieux acceptée (ILT à 72 en 2022), qui a enregistré le recul le plus important : − 3 points en 2023 (− 2 pour les musulmans, dont l’ILT était à 59 en 2022, et − 1 pour les Noirs et les Maghrébins). Ce recul est essentiellement dû à la résurgence du « vieux stéréotype » de la « double allégeance » à la France et à Israël, ravivé par le conflit au Proche-Orient. Ainsi, le sentiment que « pour les juifs français, Israël compte plus que la France » a grimpé de 7 points en un an en 2023. Et se maintient en 2024. « S’il y a de l’antisémitisme au sein de la gauche et particulièrement parmi les sympathisants de La France insoumise, c’est parmi les sympathisants les plus à droite, les plus proches du Rassemblement national, que l’antisémitisme bat tous les records », rappelle Nonna Mayer.

L’année 2023 avait été marquée par la hausse sans précédent des faits antisémites (1 676, contre 436 en 2022) et, dans une moindre mesure, par celle des faits antimusulmans (242, + 29 %). En 2024, les indices de tolérance vis-à-vis des juifs et des musulmans sont dans l’ensemble repartis à la hausse (+ 1 et + 2 points), tandis que les actes ont baissé, avec 1 570 incidents antisémites (− 6 %) et 137 faits antimusulmans (− 28 %), sachant que le phénomène de sous-déclaration rend ces évaluations très parcellaires.