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Racisme dans la police : note du conseil scientifique de la DILCRAH occultée depuis 2021

vendredi 21 juillet 2023

Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES

Le conseil scientifique de la délégation interministérielle contre le racisme (DILCRAH) a remis en juillet 2021 une note titrée :

Police et racisme
12 recommandations pour améliorer la formation des agents et la lutte contre le racisme

Cette note, au ton mesuré et constructif, qui ne retient pas l’imputation de "racisme systémique" appliquée à la police mais pointe en particulier une grave insuffisance dans la formation des policiers, a été transmise par la DILCRAH au gouvernement qui ne lui a donné aucune suite, malgré l’insistance de ses rédacteurs.

Elle a été rendue publique le 13 juillet 2023 par le journal L’Humanité

On trouvera ci-attachés (ainsi que des liens pour les abonnés)

- l’article dans L’humanité du 13 juillet 2023 https://www.humanite.fr/societe/racisme/exclusif-l-integralite-de-la-note-officielle-sur-le-racisme-dans-la-police-que-le-gouvernement-enterree-802985

- un entretien, dans L’humanité du 19 juillet 2023, avec Smaïn Laacher, ancien président du conseil scientifique de la DILCRAH, qui a participé à la rédaction de cette note
https://www.humanite.fr/societe/emmanuel-macron/racisme-dans-la-police-pourquoi-serions-nous-incapables-de-faire-cet-examen-collectif-803145

- l’article, dans Le Monde daté du 19 juillet 2023, sur cette "révélation"
https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/18/police-et-racisme-un-rapport-enterre-a-la-delegation-interministerielle-a-la-lutte-contre-le-racisme-l-antisemitisme-et-la-haine-anti-lgbt_6182396_3224.html
https://aoc.media/opinion/2023/07/18/un-rapport-sur-la-police-oublie/

- un article, publié dans AOC (Analyse Opinion Critique) le 19 juillet 2023 , dans lequel est reproduite intégralement cette note de la DILCRAH
https://aoc.media/opinion/2023/07/18/un-rapport-sur-la-police-oublie/

Voici quelques extraits de l’entretien avec Smaïn Laacher dans L’humanité du 19 juillet

Quels enseignements principaux en avez-vous tirés ?

D’abord qu’il y a un gros problème de formation. La formation initiale est beaucoup trop courte et la formation continue insuffisante. Le contenu est déficient. Il devrait être élargi aux sciences sociales et humaines pour que les policiers acquièrent une meilleure connaissance du terrain. Un policier nous a dit : « Je n’étais pas raciste quand je suis rentré dans la police, mais je le suis devenu. ». C’est ce qui peut arriver quand des agents sont confrontés aux mêmes populations chaque jour, aux mêmes tensions quotidiennes, sans pouvoir mettre à distance ce qu’ils vivent. Et surtout quand on leur demande d’aller au contact dans un seul but : la répression.

Vous remettez la note à la Dilcrah, qui la remet au gouvernement. Et après, que se passe-t-il ?

Rien. Un blanc immense. On a d’abord été patients. On demandait quand le rapport serait rendu public et on nous disait toujours : « Bientôt, bientôt... »
... Clairement, en haut lieu, on a dû dire : « Arrêtez de nous embêter avec ce rapport. » Pourtant, les questions soulevées n’ont pas cessé d’être au cœur de l’actualité. Y compris récemment avec la mort de Nahel à Nanterre.

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C’est le signe que le pouvoir politique n’accepte aucune critique sur l’institution policière ?

Il y a une forme d’aveuglement et de déni. « Le réel, c’est quand on se cogne », disait Lacan. Avec les gilets jaunes, le Covid, les retraites ou les émeutes, on peut dire que ce pouvoir s’est souvent cogné au réel… Le problème est qu’il ne veut en tirer aucun enseignement.

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Il ne se donne pas les moyens de faire un examen collectif de ce que nous traversons, que ce soit sur l’école, la politique de la Ville, l’hôpital ou la police. Les Anglais ou les Allemands ont publié des rapports sur le racisme dans la police. Pourquoi serions-nous incapables de faire cet examen collectif ?

En janvier dernier, le gouvernement a dissous le conseil scientifique de la Dilcrah, après une polémique autour de la transidentité. S’agissait-il d’une forme de représailles ?

Ce pouvoir méprise ceux qui réfléchissent et ne sont pas dans la ligne officielle. Il y avait en effet une controverse dans le conseil scientifique sur la question trans, mais qui était en train de se régler. Avec cette dissolution, prononcée sans explication, le gouvernement a montré qu’il refusait tout débat et toute critique. C’est un bel exemple de lâcheté intellectuelle.