Antisémitisme et société française, Nonna Mayer, Revue "Etudes", mars 2024

Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES

Ci-attaché un entretien avec Nonna Mayer, réalisé pour la revue "Études" (numéro de mars 2024), titré "Antisémitisme et socété française".

Nonna Mayer est membre de la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) et y participe chaque année à la rédaction du Rapport sur "La lutte contre la racisme, l’antisémitisme et la xénophobie", notamment par l’analyse du "Baromètre du racisme" réalisé pour la CNCDH par l’institut de sondage IPSOS.

Voici le préambule de cet entretien :

Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, on assiste à une forte progression des actes antisémites en France. Pour comprendre ce phénomène, il fait le resituer sur une longue période. Les enquêtes montrent que, dans l’ensemble, le racisme est plutôt en régression. "L’autre" est mieux accepté. Mais l’antisémitisme persiste, ravivé par la situation internationale et, du fait de la permanence des préjugés, diffère d’autres formes de racisme.

Et un passage clef :

Au delà des actes, il y a les opinions, et les deux n’évoluent pas de la même manière. Alors que les incidents antisémites atteignent un niveau sans précédent en 2023, les préjugés envers les Juifs, paradoxalement, ont plutôt reculé. Le sondage annuel de la CNCDH, explorant toutes les formes de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie depuis 1990, est à cet égard un outil précieux. Un indicateur synthétique a été mis au point par Vincent Tiberj, "l’indicateur longitudinal de tolérance", reprenant toutes les questions posées au moins trois fois depuis 1990. Il montre que la tendance générale, à la hausse, est celle d’une acceptation crossante de la diversité. Et les Juifs, souvent cités en modèle dans les entretiens, ont un des indices les plus élevés, bien supérieur à celui des musulmans. C’est l’islam qui fait peur aujourd’hui en France, c’est lui qui polarise les débats.