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L’extrême difficulté à dire « islamophobie » (AOC, 8 mai 2025)
dimanche 18 mai 2025
Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES
Article publié dans AOC (Analyse, Opinion, Cririque) le 8 mai 2025
L’extrême difficulté à dire « islamophobie » : une exception française
Par Olivier Esteves
Ci-attaché et (pour les abonnés) :
En voici le préambule :
En France, on pouvait croire que le mot « islamophobie » n’existait pas, alors même que le phénomène qu’il décrit est l’objet des pires instrumentalisations politiques. La mort d’Aboubakar Cissé a révélé ce simple fait, qui illustre à lui seul le décalage entre l’ampleur d’un islamophobie documentée et la réticence ancienne d’une grande partie de la classe politique à la qualifier et la reconnaître comme telle.
une phrase clef, dans une section intitulée L’imbrication de tous les racismes ,
On rappelle parfois des propos que le jeune Frantz Fanon, lycéen martiniquais, aurait entendus dans la bouche de son professeur d’histoire : « quand on parle des juifs, tendez bien l’oreille, parce que c’est de vous que l’on parle ». Ceci montre qu’il n’y a pas de « concurrence victimaire » entre victimes de l’islamophobie et victimes de l’antisémitisme, car tous les racismes s’imbriquent dans un écheveau complexe.
et la conclusion :
Alors qu’en France une bonne partie des élites politiques, au nom d’un universalisme abstrait, nie l’existence de cette forme majeure et spécifique de racisme, les premiers concernés utilisent le terme « islamophobie » de manière banale, à la mesure de la banalisation de ce racisme dans notre pays. Il faut espérer que le meurtre islamophobe d’Aboubakar Cissé serve au moins à cela : à mettre enfin à l’agenda politique la première forme de racisme en France (ne serait-ce que pour des raisons de poids démographique), et à lui donner un nom reconnu par tout le monde.