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Israël -Palestine Entretien avec Schlomo Sand L’Humanité 20 octobre 2023

dimanche 22 octobre 2023

Rubrique : DONNÉES ET ANALYSES

L’historien israélien Schlomo Sand, auteur notamment de Comment le peuple juif fut inventé (2008) et dont le nouvel ouvrage, titré Deux peuples, un Etat ? Relire l’histoire du sionisme , va être diffusé en France en janvier 2024, a donné à L’Humanité un entretien titré

Sans les Palestiniens, Israël ne peut pas vivre

publié le 20 octobre 2023.

Ci-attaché et (pour les abonnés) :

https://www.humanite.fr/en-debat/guerre-israel-hamas/shlomo-sand-sans-les-palestiniens-israel-ne-peu

Il s’agit d’une analyse historique et politique de la situation en israël, à la lumière des dramatiques évènements actuels, remarquable de pertinence et de lucidité (opinion exprimée par Jean-Pierre Raoult, secrétaire du comité local du MRAP de Nanterre).

En fin d’entretien deux questions permettent à Schlomo Sand d’esquisser un timide espoir :

Quelles solutions, quelles options sont-elles possibles ?

La solution à deux États, je crois, n’est plus viable, hélas. Durant cinquante-cinq ans, j’ai été pour deux États, pour deux peuples sur les frontières de 1967. Une position partagée alors par beaucoup de Palestiniens d’Israël, de Cisjordanie et même de Gaza. Le grand leader Haider Abdel Shafi, que j’ai eu la chance de rencontrer à Gaza en 1988, nous encourageait à lutter dans ce sens.

Mais tout cela a été fortement compromis depuis Ariel Sharon, dont la stratégie a été d’isoler Gaza et de faire en sorte que le Hamas, qui n’est pas un partenaire pour la paix, y exerce le pouvoir. Aujourd’hui, la poursuite de la colonisation en vue d’une annexion est en train d’annihiler cet espoir. Plus de 850 000 Israéliens (non arabes) habitent en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés.

Dès lors, il reste deux options. Soit le transfert des populations. Des Israéliens pensent que l’on peut encore repousser les Palestiniens de Gaza vers le Sinaï. Mais je veux croire qu’Israël n’a pas intérêt à provoquer une nouvelle Nakba (NDLR : ce terme arabe signifie « catastrophe » et fait référence à l’exode forcé des Palestiniens en 1948), cela déstabiliserait toute la région.

Donc, il faut commencer à construire pas à pas les conditions historiques d’un État fédéral (ou fédération). Rappelons que presque tous les États fédéraux dans l’histoire sont nés du conflit et par la violence. Il est difficile de s’en convaincre aujourd’hui et même de l’imaginer, mais je pense que nous n’avons pas d’autre choix qu’une coexistence pacifique dans une fédération israélo-palestinienne.

Qui aujourd’hui peut être à l’initiative d’une telle solution politique ?

Les Palestiniens vivant en Israël (près de 2 millions) et beaucoup de ceux de Cisjordanie sont pour un État fédéral. Même Marwan Barghouti, hélas, toujours emprisonné. Lui reconnaît l’existence de l’entité israélienne, alors que le programme politique du Hamas vise l’instauration d’un « État islamique », théocratique.

Mais, avant de déboucher sur un compromis historique et sur la paix, il y aura encore, malheureusement, des catastrophes, car ce qui est grave dans notre monde actuel, c’est cette « symbiose » entre religion et nationalisme. De l’Inde jusqu’à l’Iran, de Gaza jusqu’à Jérusalem, le tandem religion et nationalisme et leur instrumentalisation sont la pire des choses.